//// Chien enragé ////


Nora-Inu - 1949
 

L'affiche du film - Cliquez sur l'image pour l'agrandir (141 Ko)


Réalisation et montage : Akira Kurosawa.
Scénario : Akira Kurosawa, Ryuzo Kikushima, d'après un fait divers.
Directeur de la photographie : Asakazu Nakai (35 mm ; 1,33 ; noir et blanc)
Musique : Fumio Hayasaka (avec une citation de "La Paloma"
Producteur : Sojiro Motokii
Société de production : Eiga Geijutsu Kyokai et Shin-Toho
Société de distribution : Shin-Toho

Interprétation :
Toshiro Mifune (l'inspecteur de police Goro Murakami)
Takashi Shimura (le commissaire Sato)
Isao Kimura (Yusa, le voleur)


Durée : 2h02


En 1949, à Tokyo, un jeune inspecteur de police de la brigade des homicides (Toshiro Mifune) se fait voler son pistolet dans un autobus bondé, à la sortie d'une séance d'entraînement au tir. Terriblement culpabilisé, il présente sa démission à son chef. Il se pose en effet des questions d'éthique : son pistolet contenant 7 balles, combien de meurtres aura-t-il sur la conscience s'il ne retrouve pas l'arme avant qu'elle ait servi ? Son chef, loin d'accepter la démission, demande au contraire au jeune policier d'effectuer lui-même l'enquête sur ce vol, avec l'aide d'un policier beaucoup plus âgé, le commissaire Sato. Murakami se lance alors dans une quête effrénée pour retrouver son pistolet et découvre les bas-fonds de Tokyo (un thème récurrent dans l'œuvre de Kurosawa). Dans un passage impressionnant du film, on voit le jeune Murakami déguisé en clochard pour pouvoir approcher le milieu des truands et avoir une chance de retrouver son arme.
Après qu'un premier meurtre a été commis avec son arme, sa quête se transforme en obsession, et il devient vital pour le jeune homme de retrouver son arme. Le problème, c'est que le voleur Yuza, s'il n'avait pas l'intention de se servir de son arme au départ, se trouve pris dans une spirale de la violence (« Chien perdu devient enragé… », dit le commissaire Sato à propos du voleur).
Le jeune Murakami parvient à retrouver la trace du tueur, qui doit prendre le train : il le retrouve dans la gare et l'on assiste à une scène finale dans la grande tradition des films de Kurosawa : dans les bois à proximité de la gare, les deux hommes se roulent dans les hautes herbes, disparaissant parfois complètement de l'écran. Le policier arrive à passer les menottes au meurtrier et les deux hommes, exténués, s'écroulent dans l'herbe, dans une attitude parfaitement symétrique.

Comme dans de nombreux films, l'un des ressorts du film est la confrontation de deux mondes : un jeune policier encore enthousiaste et un vieux commissaire désabusé sont conduits à travailler ensemble et, au delà, à devenir amis. L'un des autres thèmes, récurrent dans le cinéma asiatique, est la proximité entre le policier et le voleur : les deux hommes ont sensiblement le même âge ; ils se sont tous les deux fait volé leurs affaires à leur retour de la guerre ; et Murakami confesse un jour à Sato qu'il lui semble comprendre le geste du voleur : policier ou hors-la-loi, ce n'est qu'une question de milieu, de destin.
C'est aussi le film d'un grand cinéphile (la trame du film rappelle les classiques films noirs) et d'un fervent lecteur de Simenon (le personnage du commissaire Sato rappelle fortement celui d'un autre commissaire : Maigret).