//// Dersou Ouzala ////


Dersu Uzala - 1975
 

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Réalisation: : Akira Kurosawa.
Scénario : Akira Kurosawa, Yuri Nagabin, d'après deux livres de voyage de Vladimir Arseniev, Dans la contrée de l'Oussouri et La Taïga de l'Oussouri.
Directeurs de la photographie : Asakazu Nakai, Yuri Gantman, Fyodor Dobronravov (70 mm ; couleur)
Montage: V. Stepanovoi.
Musique : Isaac Swarts.
Producteurs : Nicolai Shizov, Yoichi Matsue
Sociétés de production : Mosfilm (Moscou), Toho, Nippon Herald Production (Tokyo), en collaboration avec la 3° unité créatrice (URSS) et l'Atelier 41 (Japon)
Société de distribution : Sovexportfilm.

Interprétation :
Maxime Munzuk (Dersou Ouzala)
Yuri Solomine (Vladimir Arseniev)
Svetania Danilchenko (Anna, son épouse)


Durée : 2h21
Prix: Oscar du meilleur film étranger.


Après les moments difficiles que Kurosawa a enduré après l'échec de Dodescaden (il a même fait une tentative de suicide), il accepte l'invitation de Serguei Guerassimov de venir tourner en URSS. Il choisir pour l'occasion d'adapter deux livres parus en 1921 et 1923, qui relatent l'exploration des contrées orientales de l'URSS, en l'occurence la taïga de l'Oussouri.
Au cours d'une expédition topographique en 1902, le jeune militaire Vladimir Arseniev rencontre un chasseur, un mongol, qui vient les voir dans leur campement. Au départ, les militaires ne savent que penser de ce vieil homme bizarre, petit et aux yeux bridés. Il n'a pas de maison et vit uniquement de la chasse et des peaux de zibeline qu'il vend dans les villages... Mais les militaires tombent vite sous le charme: Dersou connaît la taïga comme sa poche, leur fait éviter les pièges, trouver de la nourriture, gagner du temps... Pour Dersou Ouzala, qui devient vite le "maître" de l'expédition, tous les éléments de la nature sont vivants, "comme des hommes". Chaque élément a sa place dans un système qu'il convient de respecter et de conserver. Cette philosophie, qui attire les raillement de l'équipe de scientifiques, va profondément influencer Arseniev. Lorsque le petit homme lui sauve la vie, dans une scène magnifique de lutte pour la survie, une profonde amitié se lie entre les deux hommes, pourtant si différents. Mais l'expédition prend fin et chacun retourne de son côté
Cinq ans plus tard, en 1907, Arseniev repart pour une nouvelle expédition dans la taïga. Il retrouve Dersou qui le rejoint une nouvelle fois comme éclaireur de l'expédition. Un jour, alors qu'un tigre rode autour de l'équipe, Dersou, pour le faire fuir, tire, mais le blesse. Chez les Mongols, ce geste est considéré comme une malédiction. Dès lors, le vieil homme ne sera plus le même.
Il se sent vieillir de jour en jour: sa vue baisse, il n'arrive plus à viser correctement, il ne sent plus la présence des animaux... Arseniev lui propose de le ramener chez lui, à la ville. Dersou, démoralisé, accepte ("un homme vieux ne peut plus vivre dans la taïga"). Mais il se sent enfermé dans la belle maison du capitaine, et souhaite finir ses jours dans les lieux où il a toujours vécu...
Pourtant, le monde va imposer sa cruauté: Dersou est tué par un bandit pour son arme (un magnifique fusil offert par Arseniev) et sa tombe (la scène de l'enterrement est magnifique, toute en sentiments retenus...) est détruite, avec les arbres qui l'entourent, pour construire une ville (cette scène est la première du film)...

Dans ce film profondément humaniste, Akira Kurosawa crie son amour de l'homme et de la nature. On se laisse emporter par cette épopée humaine, par les valeurs de l'amitié, sans que le film ne bascule dans la naïveté ou le sentimentalisme. C'est un film profondément "écologiste", qui nous met en garde contre la destruction de notre milieu naturel et nous demande de penser à ceux qui viendront derrière nous. Le réalisateur déclarera: "La relation entre l'être humain et la nature va de plus en plus mal... Je voulais que le monde entier connût ce personnage de russe asiatique qui vit en harmonie avec la nature... Je pense que les gens doivent être plus humbles avec la nature car nous en sommes une partie et nous devons être en harmonie avec elle. Par conséquent, nous avons beaucoup à apprendre de Dersou." (dans Donald Richie, The films of Akira Kurosawa)