//// Madadayo ////


Maadadayo - 1993
 

L'affiche du film - Cliquez sur l'image pour l'agrandir (32 Ko)


Réalisation: : Akira Kurosawa.
Scénario : Akira Kurosawa, d'après les travaux littéraires de Hyakken Uchida.
Directeurs de la photographie : Takao Saito, Shoji Ueda (35 mm, 1,66 ; couleur)
Musique : Shin'ichiro Ikebe.
Producteur : Hisao Kurosawa
Sociétés de production : Daiei, Dentsu, Kurosawa productions, Tokuma Shoten Publishing Co.

Interprétation :
Tatsuo Matsumura (le professeur Uchida)
Kyoko Kagawa (son épouse)
Hisashi Igawa (Takayama, étudiant)
George Tokoro (Amaki, étudiant)
Masayuki Yui (Kiriyama, étudiant)

Durée : 2h14

En 1943, après trente années d'enseignement de l'allemand, le professeur Uchida décide de prendre sa retraite et de se consacrer à l'écriture de livres. Ses élèves, qui vouent une admiration sans borne à leur ancien professeur, décide d'organiser chaque année, à l'occasion de son anniversaire, une grande fête regroupant tous ses anciens élèves. Le rituel de cette fête est immuable: le professeur doit prononcer un discours puis boire une grande chope de bière, à la fin de laquelle il doit prononcer sans faiblesse l'expression "Maadadayo" ( "pas encore prêt"). Il suit ainsi les paroles d'une comptine japonaise: il signifie qu'il n'est toujours pas prêt à mourir.
Entre ces cérémonies, qui sont une sorte de fil rouge dans le film et qui ponctuent la vie de l'ancien professeur, on le voit évoluer au quotidien, entre petits bonheurs (le thé avec ses anciens étudiants), et ses malheurs (la perte de sa maison, la fuite de son chat...) Ce dernier évenement, alors qu'il pourrait sembler banal, devient en fait une véritable tragédie pour Uchida. Celui-ci cesse de manger et sombre dans la dépression. On pourrait lui appliquer la célèbre phrase de Lamartine: "un seul être vous manque et tout est dépeuplé".
Dans son dernier film, Kurosawa, loin de nous dépeindre la chute d'un homme vers la vieillesse et la mort, réalise au contraire un portrait d'une incroyable jeunesse, pleine d'ironie et de tendresse. A aucun moment du film, on ne tombe dans le pathos ou le larmoyant. A 83 ans, le vieux maître Kurosawa, qu'on ne peut s'empêcher de comparer avec l'ancien professeur d'allemand, nous montre qu'il ne semble pas avoir peur de la mort, et que la vieillesse est loin de tous les clichés habituels (décadence physique et morale), pour se situer au contraire dans un retour à l'état d'enfant (comme dans un cercle). La fin du film accentue encore plus cet effet: le vieil homme, qui a eu une attaque, est au bord de la mort mais pense à son enfance, filmée en rêves par Kurosawa (comme il sait si bien le faire).
En guise d'adieu, Kurosawa nous laisse un petit bijou dont on ressort léger, plein d'allégresse, bercé par la tendresse du personnage que le maître nous a peint. Au revoir, monsieur Kurosawa !