//// Les sept samouraïs ////


Shichinin no samourai - 1954
 

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Réalisation et montage : Akira Kurosawa.
Scénario : Akira Kurosawa, Shinobu Hashimoto, Hideo Oguni.
Directeur de la photographie : Asakazu Nakai (35 mm ; 1,33 ; noir et blanc)
Musique : Fumio Hayasaka
Producteur : Sojiro Motokii
Société de production et de distribution : Toho

Interprétation :
Les samouraïs :
Takashi Shimura (Kambei, le chef)
Toshiro Mifune (Kikuchiyo, le paysan)
Yoshio Inaba (Gorobei)
Seiji Miyaguchi (Kyuzo, le maître de sabre)
Minoru Chiaki (Eikachi)
Daisuke Kato (Shichiroji)
Isao Kimura (Katsushiro, disciple de Kambei)
Les paysans :
Kamatari Fujiwara (Manzo)
Bokuzen Hidari (Yohei)
Kuninori Kodo (Gisaku)
Yoshio Kosugi (Mosuke)
Keiko Tsushima (Shino, la fille de Manzo)
Les bandits :
Shimpei Takagi (le chef)


Durée : 3h20 (version intégrale distribuée au Japon en 1954 et en France à partir de 1980). En effet, les exportateurs ont cru bon, pendant des décennies, de ne proposer en Europe qu'une version coupée de 2h10, qui occulte totalement l'aspect social du film.
Prix : Oscar du meilleur film étranger, sélectionné pour les Oscars des meilleurs décors et des meilleurs costumes.


Le film se déroule au XVI° siècle : des paysans d'un petit village doivent faire face aux attaques annuelles d'une bande de brigands d'une quarantaine d'hommes, qui viennent piller toutes les récoltes. Désespérés, ils ne savent plus que faire pour garder de quoi manger pendant le reste de l'année : certains proposent de cacher une partie de la récolte, d'autres prônent une solution plus radicale, qui a déjà fait ses preuves dans d'autres villages : faire appel à des ronins (samouraïs mercenaires).
Après une âpre discussion, qui fait ressortir les peurs des paysans, le village décide d'envoyer quatre représentants en ville, à la recherche de samouraïs. Le problème, c'est qu'il n'ont que du riz à offrir à des mercenaires, et subissent de nombreuses humiliations par des samouraïs qui ne cherchent que de l'argent.
Le hasard les met cependant en contact avec Kambei, noble vétéran, qui, émut par leur détresse, décide de rallier leur cause. Il faut alors se mettre en quête des autres samouraïs, ce qui devient plus facile avec un leader comme Kambei.
Après avoir trouvé 5 autres ronins, le groupe se met en route pour le village. Cependant, un intrus les suit, qui semble complètement fou : c'est Kikuchiyo (Mifune) que le groupe, d'abord railleur, va finalement accepter en son sein, lorsqu'il permet, par un stratagème habile, de faire sortir les villageois apeurés par ces guerriers de leurs maisons. On apprendra plus tard que, sous son apparence complètement loufoque (Mifune est irrésistible : il bondit, ricane, se roule par terre...), ce guerrier, qui a usurpé un titre de noblesse, est en fait d'une famille de paysans et qu'il s'est engagé dans ce combat pour ne pas voir des congénères vivre ce qu'il a vécu jeune.
Après avoir monté un système de défense dans le village (les deux groupes apprennent alors à se connaître et à travailler ensemble), les protagonistes attendent anxieusement la bataille finale. On assiste dans cette scène à un chef-d'œuvre de stratégie militaire, filmé comme une « véritable symphonie » (Tassone), qui va durer trois jours et trois nuits.

Ce film, dans sa version intégrale, est un des monuments du cinéma mondial, et le film de Kurosawa qui a le plus influencé les occidentaux et les cinéastes américains. Il fera en effet l'objet d'un remake américain (Les Sept mercenaires de John Sturges), mais influencera indirectement Sam Peckinpah, Francis Ford Coppola, ou encore George Lucas qui déclarera avoir vécu « une expérience bouleversante » et un « véritable choc culturel » à la vue de ce film.
Malheureusement, ce film est souvent mal compris : beaucoup n'y ont vu qu'une simple version japonaise du western (jugement influencé entre autres par la version européenne amputée de plus d'une heure). On peut cependant constater que Kurosawa est à cent mille lieues des mythes fondateurs du western : les samouraïs ne sont ni des héros ni des surhommes (on voit Kikuchiyo pleurer devant le spectacle de la pauvreté des paysans et Kambei déclarer après la victoire finale, devant le spectacle des samouraïs morts : « Nous avons encore perdu ! Ce sont les paysans les vainqueurs, pas nous !... »)
C'est en effet l'aspect social du film, totalement absent des westerns américains, qui fait sa principale force : on voit les paysans (personnages aussi importants que les guerriers) travailler dur pour survivre et des ronins avec des personnalités complexes, loin de la brutale virilité affichée des héros de western : Kambei se considère comme un loser, Kikuchiyo est tiraillé entre ses origines paysannes et sa vie de samouraï...