//// Rêves ////


Konna yume wo mita - 1989
 

Une image du film (Soleil sous la pluie) - Cliquez sur l'image pour l'agrandir (28 Ko)


Réalisation: : Akira Kurosawa.
Scénario : Akira Kurosawa.
Conseiller artistique : Inoshiro Honda.
Directeurs de la photographie : Takao Saito, Shoji Ueda (35 mm, 1,66 ; Eastmancolor)
Montage: Tome Minami.
Musique : Shinichiro Ikebe, avec des citations de "Dans le village", extrait de "Esquisses caucasiennes" d'Hippolyte Ivanov.
Chorégraphie : Michiyo Hata.
Effets spéciaux : Industrial Light and Magic (ILM)/Lucas Company.
Producteurs : Steven Spielberg, George Lucas, Akira Kurosawa.
Sociétés de production : Industrial Light and Magic, Lucas Company, Akira Kurosawa USA INc. Production.
Société de distribution : Warner.

Interprétation :
1- Soleil sous la pluie: Toshihiko Nakano ("Moi" à 5 ans), Kiku No Kai Dancers (les renards)
2- Le verger aux pêchers: Mitsunori Isaki ("Moi" jeune garçon") ; Misato Tate (la fée des pêchers)
3- La tempête de neige: Akira Terao ("Moi") ; Mieko Harada (la fée des neiges)
4- Le tunnel: Akira Terao ("Moi") ; Yoshima Zushi (soldat Noguchi)
5- Les corbeaux: Akira Terao ("Moi") ; Martin Scorsese (Van Gogh)
6- Le mont Fuji en rouge: Akira Terao ("Moi") ; Hisashi Igawa (l'ingénieur)
7- Les démons rugissants: Akira Terao ("Moi") ; Chosuke Ikariya (le démon)
8- Le village des moulins à eau: Akira Terao ("Moi") ; Chishu Ryu (le vieillard)

Durée : 2h00 ; 1h57 pour l'exportation.

Rêves constitue un passage très spécial dans l'oeuvre d'Akira Kurosawa. Kurosawa, qui s'était déjà montré maître dans l'art de filmer les rêves et les cauchemars (la scène sur la plage dans L'ange ivre; la sorcière dans Rashomon...) franchit le pas en composant un film uniquement composé de rêves, les siens. On a donc plutôt affaire à un ensemble de 8 courts métrages, plutôt qu'à un film classique avec une structure linéaire.
Chaque court-métrage, plus ou moins long, met donc en scène un rêve de Kurosawa, soit quand il était enfant, soit à l'âge adulte: on pénètre ainsi dans l'intimité profonde du maître. Il nous expose ses peurs: la guerre, l'arme atomique, l'industrie du nucléaire, la pollution de la planète; mais aussi ses passions: la peinture de Van Gogh (avec un Martin Scorsese méconnaissable dans le rôle du peintre), la nature (notamment les arbres), les fées at autres personnages fantastiques...

Au cours de ces rêves, on voit Kurosawa enfant croiser des renards en procession de mariage, ou des poupées vivantes représentant les âmes des pêchers coupés par sa famille; on voit également Kurosawa adulte en proie à une tempête de neige, à l'explosion du mont Fuji et des centrales nucléaires qui l'entourent, aux démons qui se lamentent de n'avoir plus rien à manger après la destruction de l'écosystème de leur environnement... Mais mon préféré, c'est "Les corbeaux", où Kurosawa rend le plus original et le plus bel hommage qu'un cinéaste ait pu rendre à un peintre, ici au génie Vincent van Gogh. L'utilisation des effets spéciaux rend encore plus magnifique sa peinture et l'on retrouve littéralement au coeur des tableaux, en suivant le jeune Kurosawa à la recherche, puis dans la rencontre avec le peintre, dans des paysages somptueux...
S'il y a parfois quelques longueurs (dues notamment au fait que je n'ai pu voir le film qu'en vidéo, ce qui enlève pas mal de charme aux scènes de chorégraphies ou de paysages), le spectateur se laisse quand même emporter dans ce déluge d'émotions, de couleurs, de mouvements... Tout l'onirisme est remarquablement exprimé, grâce au talent de Kurosawa pour le cadrage et la mise en scène, et aussi à celui des directeurs de la photographie (qui ne sont pas assez remerciés dans le cinéma), qui nous offrent ici une explosion de couleurs (l'arc-en-ciel dans "Soleil sous la pluie", les champs dans "Les corbeaux"...). La présence des effets spéciaux renforce encore ce sentiment d'irréalité: Ahhh, l'entrée dans un tableau de Van Gogh recréé au centimètre près... On peut également remercier le courage de Steven Spielberg et George Lucas d'avoir produit un tel film, produit totalement anti-commercial (ça nous change de "Star Wars Episode 1"...)

"Ce sont huit histoires qui racontent des rêves. Les émotions assoupies dans nos coeurs, les espoirs secrets que nous tenons bien cachés en nous, les sombres désirs et les craintes que nous recelons dans un recoin de notre âme, se manifestent avec honnêteté dans nos rêves. Les rêves traduisent ces sentiments, et les expriment, de façon fantastique, dans une forme très libre. Dans ce film, je veux essayer de relever le défi de ces rêves. Certains proviennent de l'enfance, mais il ne s'agit pas d'un film autobiographique, plutôt de quelque chose d'instinctif." (Akira Kurosawa).